Jean Louis Marie Le Pen est le fils de Jean Le Pen (1901-1942), patron pêcheur, président de l'association des anciens combattants et conseiller municipal de La Trinité-sur-Mer, et d'Anne-Marie Hervé (1904-1965), couturière et fille de paysans originaires de Locmariaquer. Ses parents le surnomment « Jeanjean ». Sa famille est essentiellement originaire du département du Morbihan ; un de ses aïeux y fut le chef chouan d'une paroisse, un autre conventionnel. Jean-Marie Le Pen devient pupille de la nation par jugement du tribunal civil de Lorient du 23 décembre 1942, son père ayant trouvé la mort après que le bateau dans lequel il se trouvait a remonté une mine en août 1942 (son nom figure d'ailleurs sur le monument aux morts de La Trinité-sur-Mer).
En novembre 1944, à 16 ans, il demande au colonel Henri de La Vaissière (alias Valin) à s'engager dans les FFI (Forces françaises de l'intérieur), qui préfère refuser : « Désormais, ordre est donné de s'assurer que nos volontaires ont bien dix-huit ans révolus. Tu es pupille de la nation : songe à ta mère1 ! »
Il est élève au collège jésuite Saint-François-Xavier à Vannes, puis au lycée de Lorient. Après son baccalauréat, obtenu à Saint-Germain-en-Laye en 1947, il entre à la faculté de droit de Paris, où il vend à la criée le journal de l'Action française, Aspects de la France2. Il est diplômé d'études supérieures de sciences politiques et licencié en droit en 1952. Il a été président des étudiants en droit de Paris de 1949 à 1951 puis, par la suite, président d'honneur de la « Corpo » en janvier 1952. Alors qu'il débute en politique, il fait changer son prénom de Jean en Jean-Marie, en fusionnant deux de ses prénoms. La raison de ce changement varie selon les sources, certains affirment qu'il l'aurait fait pour rendre hommage à son père. Le mémoire pour le diplôme d'études supérieures de sciences politiques, rédigé en 1971, présenté par Jean-Marie Le Pen et Jean-Loup Vincent, s'intitule Le Courant anarchiste en France depuis 1945.
Il est un temps vice-président du Comité Pierre de Coubertin et exerce les métiers de marin-pêcheur, mineur de fond, métreur d'appartements, ambulant des PTT, etc.
En janvier 1953, il organise une colonne de secours d'étudiants volontaires pour porter assistance aux populations sinistrées lors d'inondations aux Pays-Bas. Il reçoit pour cette initiative l'appui public et politique de Vincent Auriol. Il est alors président de la Corpo droit et représente la Faculté de droit de Paris lors de différents congrès de la « Grande UNEF », où ses qualités d'orateur sont remarquées. En 1955, il est le délégué général de l'Union de défense de la jeunesse française.
De son premier mariage avec Pierrette Lalanne (née en 1935), épousée le 29 juin 1960 à Paris (VIIIe arrondissement), et dont il divorce le 18 mars 1987, il a eu trois filles (Marie-Caroline, Yann, Marine), qui lui ont donné neuf petits-enfants. La plus jeune de ses filles, Marine Le Pen, est membre du Bureau politique du Front national, et l'une de ses vice-présidentes depuis avril 2003 (à la suite du Congrès de Nice). Jean-Marie Le Pen se remarie à Rueil-Malmaison le 31 mai 1991 avec Jany Paschos, née en 1932, divorcée de l'homme d'affaires belge Jean Garnier et fille d'un marchand de tableaux grec et d'une mère d'origine néerlandaise. Sa petite-fille, Marion Maréchal-Le Pen (fille de Yann), est entrée en politique en décembre 2009 en apparaissant deuxième sur la liste Front National menée par Marie-Christine Arnautu pour les élections régionales de 2010 dans le département des Yvelines, en région Île de France3.
Jean-Marie Le Pen a déclaré avoir progressivement perdu l'usage de son œil gauche à la suite d'une cataracte traumatique consécutive à une bagarre électorale le 28 mars 1958, où il défendait Ahmed Djebbour, candidat du Front national4. Les photos de l'époque indiquent cependant qu'il avait été blessé à l'œil droit, portant un bandeau sur cet œil durant quelque temps mais sans en perdre l'usage5. Il porta ensuite un bandeau sur l'œil gauche au début des années 19706, période correspondant à sa perte partielle de vision suite à une cataracte.
Jean-Marie Le Pen, déjà parrain du fils de son ancien numéro deux, Bruno Mégret7, devient le parrain d'une des filles de l'humoriste Dieudonné en juillet 20088.
Parcours politique
Jean-Marie Le Pen à la fête des Bleu-blanc-rouge, le 8 octobre 2005.
Jean-Marie Le Pen est un ancien soldat des guerres d'Indochine et d'Algérie. Il arrive en Indochine en 1955, après la fin des combats, où il sert comme sous-lieutenant dans le 1er bataillon étranger de parachutistes. Il y est, entre autres, journaliste à Caravelle, l'organe du corps expéditionnaire français (1955). À cette époque, il montre déjà son goût pour la provocation, l'anti-intellectualisme et pour la préservation des mœurs : « La France est gouvernée par des pédérastes : Sartre, Camus, Mauriac » (L'Express, 18 mars 1955).
Repéré par Pierre Poujade, celui-ci le place à la tête de la liste d'Union et fraternité française (UFF) aux élections législatives du 2 janvier 1956 dans la troisième circonscription de la Seine (aujourd'hui Paris). Dans cette circonscription qui compte des candidats aussi aguerris que Roger Garaudy, Vincent de Moro-Giafferi, Pierre Clostermann ou Édouard Frédéric-Dupont, Jean Le Pen, qui se présente encore comme « étudiant », fait figure d'inconnu. La vague poujadiste le porte pourtant jusqu'à l'Assemblée nationale : avec 37 748 voix sur 470 266 suffrages exprimés, et grâce au système de la répartition des restes à la plus forte moyenne, Jean-Marie Le Pen est, à 27 ans, le plus jeune élu de la législature. Mais, en 1957, il est exclu de l'UFF. Cette même année, après avoir créé le « Mouvement national d'action civique et sociale »9, il devient secrétaire général du Front national des combattants (FNC). À ce titre, il soutient la candidature d'un Français de confession musulmane, Ahmed Djebbour, qui est élu [élu quoi ?].
L'année suivante, il est réélu député et adhère au groupe parlementaire du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) présidé par Antoine Pinay. Il est à cette époque rapporteur du budget de la Guerre à l'Assemblée nationale et de la Défense au Sénat de la communauté. Il ne prend pas part au vote des pleins pouvoirs à Charles de Gaulle10. Il quitte par la suite les bancs de l'Assemblée nationale et se porte volontaire pour se battre pour la défense de l'Algérie française.
Il a été accusé dans les années 1980 d'avoir pratiqué la torture durant cette guerre (cf. infra).
Il participe plus tard à l'opération franco-britannique de Suez. Jean-Marie Le Pen est décoré de la Croix de la valeur militaire. Il estime que son engagement politique est fondé sur l'amour du peuple et de la patrie. Battu en 1962 par André Capitant dans la 3ème circonscription de la Seine, Jean-Marie Le Pen crée une entreprise d'édition phonographique, la Serp (Société d'études et de relations publiques), spécialisée dans l'édition de disques de musique militaire, d’histoire et de discours historiques11. Il devient le directeur de campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour, candidat à l'élection présidentielle de 1965.
Jean-Marie Le Pen interviewé dans sa maison de Saint-Cloud, le 10 novembre 2005.
En janvier 1971, sa maison de disques, la Serp, édite un disque intitulé Le IIIe Reich. Voix et chants de la Révolution allemande ainsi que, entre autres, des chants de l’Armée rouge, des discours de dirigeants communistes, comme Lénine ou un disque de chants israéliens[réf. nécessaire]. Le premier de ces disques lui vaut une condamnation en 1971 pour « apologie de crimes de guerre ». En 1972, il est appelé à présider le jeune Front national — parti créé par Ordre nouveau afin d'élargir son champ électoral — et continue son combat pour ses idées nationalistes. Les résultats électoraux du Front national sont en hausse constante depuis les élections municipales de 1983, à Dreux notamment.
N’obtenant jusqu'alors que des scores extrêmement faibles lors des scrutins, la forte poussée électorale de Jean-Pierre Stirbois à Dreux en 1983 (16,7 %) puis une médiatisation de son discours suite à cette percée (invitation par Europe 1, radio privée, à l'automne 1983, puis invitation à la demande du président de la République François Mitterrand12 sur Antenne 2, chaîne de télévision publique, en février 1984, notamment à L'Heure de vérité) l'aide à acquérir une dimension qu'il n'avait jamais atteinte auparavant, ce qui aboutit au score national de 10,95 % de la liste qu'il conduit aux élections européennes de juin 1984 (il est constamment réélu depuis). La droite doit se positionner par rapport à Jean-Marie Le Pen, situation inédite depuis 1967-1968, car elle intégrait depuis l'essentiel de la « droite nationale » dans ses rangs. En effet, un certain nombre des cadres du Front national vient des partis de droite ou bien ont travaillé avec eux, notamment Bruno Gollnisch, Gabriel Domenech, Jean-Marie Le Chevallier, Jean-Yves Le Gallou, Bruno Mégret, ou encore Michel de Rostolan.
En 1992 et 1998, il est élu au Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur. C'est dans l'Est de la France, en particulier dans le Sud-Est, qu'il rencontre le plus de succès. Ces résultats s'expliquent en partie par de nombreuses tensions sociales et la présence d'importantes communautés d'origine maghrébine ; mais de forts résultats sont également enregistrés dans des communes très aisées comme Cagnes-sur-Mer ou en milieu rural, pourtant étranger aux problématiques liées à l'immigration. Fin 1998, une scission avec Bruno Mégret handicape le Front national qui perd nombre de ses cadres et des milliers d'adhérents. Le Front national chute à 6 % aux élections européennes de 1999 et n'obtient que 6 sièges.
Par un décret du 31 mars 200013, le Premier ministre constate que l'inéligibilité de Le Pen, prononcée le 17 novembre 1998 à titre de peine complémentaire par la cour d'appel de Versailles (8e chambre)14, met fin à son mandat de représentant au Parlement européen. Par un arrêt du 6 octobre 200015,16, le Conseil d'État rejette le recours de Le Pen contre ce décret. La présidente du Parlement européen ayant, le 23 octobre 2000, pris acte de la déchéance du mandat du président du Front national, celui-ci conteste cette décision devant les juridictions communautaires : il obtient d'abord le sursis à exécution de cette décision17, mais ses recours au fond sont ensuite rejetés18.
Une ascension progressive
De 1956 à 1962 : député de la troisième circonscription de la Seine (Groupe d'Union et fraternité française), et, à partir de 1958, siégeant sous l'étiquette du Centre national des indépendants et paysans (CNI) ;
En 1965 : il est directeur de campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour pour l'élection présidentielle ;
Le 5 octobre 1972 : fonde le Front national (FN) ;
En avril 1974 : se porte candidat à l'élection présidentielle19 et obtient 0,75 % des voix ;
2 novembre 1976 : attentat à la bombe contre son domicile parisien qui est complètement détruit20 ;
1978 : assassinat de François Duprat, membre du bureau politique du Front national ;
En avril 1981 : n'obtient pas les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à l'élection présidentielle ;
1983 : conseiller du XXe arrondissement de Paris ;
En juin 1984 : élu député européen ;
De mars 1986 à juin 1988 : député de Paris lors des élections législatives (scrutin de liste proportionnel à un tour) ;
En avril 1988 : candidat à l'élection présidentielle, il obtient 14,39 % des voix ;
En novembre 1990 : se rend en Irak pendant la guerre pour négocier directement avec Saddam Hussein la libération de 55 otages qu'il ramène en France21 ;
En mars 1992 : élu conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur ;
En juin 1994 : réélu député européen ;
en avril 1995 : candidat à l'élection présidentielle, il obtient 15 % des voix, et arrive en quatrième position au 1er tour, après Lionel Jospin, Jacques Chirac et Édouard Balladur ;
En mars 1998 : réélu conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur ;
En juin 1999 : réélu député européen ;
Le 21 avril 2002 : à l'élection présidentielle, il obtient 16,86 % des suffrages (sur 16 candidats), derrière Jacques Chirac et devant Lionel Jospin, et se qualifie ainsi pour le second tour ;
Le 5 mai 2002 : obtient 17,79 % des voix au second tour de l'élection présidentielle contre 82,21 % pour Jacques Chirac ;
En février 2004 : sa candidature pour les élections régionales des 21 et 28 mars en Provence-Alpes-Côte d'Azur est rejetée par le préfet de région, pour cause d'absence de domiciliation ou d'attache fiscale dans la région22,23 ;
En juin 2004 : réélu au Parlement européen dans la Circonscription Sud-Est.
En juin 2009 : réélu au Parlement européen dans la Circonscription Sud-Est.
Candidat à la présidence de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, pour les élections régionales de 2010.
De multiples candidatures aux élections présidentielles
Il se présente aux élections présidentielles de 1974, 1988, 1995, 2002 et 2007 (en 1981, il ne peut se présenter, faute d'avoir obtenu les parrainages nécessaires), en professant des idées nationalistes, dont certaines considérées par ses adversaires comme xénophobes et/ou extrémistes :
relance de la démographie par la natalité ;
politique de lutte contre l'immigration et pour la préférence nationale ;
lutte contre l'« ultra-libéralisme » et le libre-échange par le rétablissement des frontières ;
limitation du fédéralisme européen et de ce qu'il appelle « la toute-puissance de l'Administration » et les « eurofédérastes », et défense de la souveraineté française.
En 2002
Article détaillé : Élection présidentielle française de 2002.
Jean-Marie Le Pen, en septembre 2001.
Lors de l'élection présidentielle de 2002, alors qu'il avait rencontré des difficultés à réunir les 500 parrainages nécessaires pour se porter candidat et que son parti demeurait dans l'ombre depuis sa scission de 1998, il obtient 16,86 % des voix (4,8 millions de suffrages). Cela lui permet, non seulement en raison d'un éparpillement des voix de gauche sur un grand nombre de candidats du premier tour mais surtout du fait d'une faible mobilisation des électeurs de gauche, de participer au deuxième tour contre Jacques Chirac, qu'il perd avec 17,79 % des voix. Cette élection constitue un événement important dans la vie politique française dans la mesure où c'est la première fois qu'un candidat d'extrême droite passe le premier tour d'une élection présidentielle. Le traditionnel débat d'entre-deux-tours entre les deux candidats présents au second tour n'a pas eu lieu, son adversaire ayant refusé de débattre avec lui en direct sur les chaînes de télévision.
En 2007
Jean-Marie Le Pen lors de la campagne présidentielle de 2007.
Jean-Marie Le Pen déposant son bulletin dans l'urne, lors du premier tour.
Article détaillé : Élection présidentielle française de 2007.
En vue de l'élection présidentielle et des législatives de 2007, Jean-Marie Le Pen a lancé un appel à différents partis et courants politiques pour constituer une « union patriotique » dont il serait à la tête24. Il s'agit pour lui d'éviter une dispersion préjudiciable des voix. Bruno Mégret président du Mouvement national républicain (MNR), ainsi que le Parti populiste, ont répondu favorablement à cet appel. En revanche, Philippe de Villiers président du Mouvement pour la France (MPF) a décliné l'offre.
Durant cette campagne, Jean-Marie Le Pen évoque fréquemment les difficultés qu'il éprouverait pour obtenir les 500 parrainages d'élus nécessaires à la validation de sa candidature. Il dénonce en particulier la publication des listes de parrains.
Le 20 décembre 2006, Bruno Mégret annonce officiellement son soutien à la candidature du président du Front national, lors d'une conférence de presse en compagnie de celui-ci, et scellent une « réconciliation personnelle et politique25 ».
Le programme économique de cette campagne est confié à Jean-Richard Sulzer, secrétaire général du groupe FN au conseil régional d'Île-de-France, professeur de gestion à l'université Paris-Dauphine et ancien centriste proche d'Edgar Faure et Raymond Barre.
Âgé de 78 ans au moment du scrutin, Jean-Marie Le Pen est, en 2007, le doyen d'âge des candidats français à une élection présidentielle au scrutin direct.
Son score au premier tour de l'élection présidentielle de 2007 (3 834 530 suffrages, soit 10,44 % des voix) a considérablement reculé par rapport à la précédente élection de ce type, ne lui permettant pas cette fois-ci d'atteindre le second tour. Le 1er mai, lors de sa traditionnelle intervention après le défilé du Front national en hommage à Jeanne d'Arc, Jean-Marie Le Pen invite ses électeurs à « s'abstenir massivement » au second tour26, qualifiant le choix entre les deux candidats de choix entre « bonnet rose et rose bonnet27 ».
Après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, le président du Front national a estimé que « les électeurs auront le président qu'ils méritent ». Selon lui, « la France a voté contre une nouvelle catastrophe socialiste », mais il a immédiatement disqualifié le nouveau président, estimant qu'il aura « moins de pouvoir que le gouverneur d'un des États des États-Unis ». Selon TNS-Sofres, seuls 19 % des électeurs de Jean-Marie Le Pen auraient suivi sa consigne d'abstention. Un chiffre contesté par le président du FN : « d'après ce que j'ai à ma disposition, le nombre de bulletins blancs et nuls a triplé », a-t-il estimé28.
Lors du XIIIe Congrès du Front national réuni à Bordeaux les 17 et 18 novembre 2007, Jean-Marie Le Pen est réélu président du Front national avec 97,67 % des voix et 2,3 % de bulletins blancs ou nuls.
Relations avec les anciens présidents de la République française
Jean-Marie Le Pen, en tant que figure majeure du paysage politique français, est amené à en rencontrer les principaux dirigeants. Il entretient ainsi des relations très diverses avec les anciens présidents de la République : alors que ses échanges avec François Mitterrand sont toujours sinon cordiaux, du moins respectueux, il voue une haine féroce à Jacques Chirac.
Valéry Giscard d'Estaing
Jean-Marie Le Pen est membre du Centre national des indépendants et paysans aux côtés de Valéry Giscard d'Estaing, au début des années 1960, sans toutefois se lier d'amitié29. Ils s'affrontent ensuite lors de l'élection présidentielle de 1974, qui voit la victoire de VGE. Même s'il appelle alors ses électeurs à voter pour le candidat des Républicains indépendants30, Jean-Marie Le Pen garde une certaine rancœur datant de cette élection : en effet, c'est Valéry Giscard d'Estaing qui était à l'époque considéré comme le candidat « anti-gaulliste »29.
François Mitterrand
Jean-Marie Le Pen croise François Mitterrand pour la première fois en 1956, à Nevers. Venu pour écouter un discours de ce dernier, Jean-Marie Le Pen profite d'un incident (la syncope de François Mitterrand) pour « bondir » sur scène et prononcer le programme poujadiste29.
Par la suite, le leader frontiste a su gré à François Mitterrand de lui accorder un traitement « équitable »29. Ils se portent d'ailleurs toujours en haute estime, au-delà de leurs divergences politiques passées29. En effet, cette équité de traitement, vraisemblablement pas désintéressée de la part du président Mitterrand31, a permis à Jean-Marie Le Pen, outre le fait d'accéder à une couverture médiatique plus importante, d'être élu à l'Assemblée nationale (par le biais du scrutin à la proportionnelle instauré pour les élections législatives de 1986).
Jacques Chirac
Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac se détestent mutuellement. En effet, selon le président du Front national, l'ancien président aurait déclaré « qu'il était déshonorant de [lui] serrer la main29. Il l'a pourtant fait, en 1987, sur une plage de Cap d'Antibes, puisqu'une une photo les montre tous deux en maillots de bain, chaussures à la main pour M. Chirac, se saluant poliment29. S'il s'agit pour Claude Chirac d'un coup monté, Jean-Marie Le Pen assure pour sa part que c'est Jacques Chirac qui est venu le voir de lui-même, « souriant » et détendu29, comme semble du reste le montrer la photo. Jean-Marie Le Pen a aussi rencontré Jacques Chirac secrètement en 1988, entre les deux tours de la présidentielle, par l'entremise du général Pierre de Bénouville et en présence de Charles Pasqua. Jacques Chirac désirait prévenir Jean-Marie Le Pen qu'il ne lui ferait aucune concession sur son programme. Le Pen a donc rétorqué qu'il ne donnerait pas pour consigne de voter Chirac29.
Lors du second tour de l'élection présidentielle de 1995, Le Pen, arrivé en quatrième position derrière Édouard Balladur, ne donne aucune consigne de vote entre Lionel Jospin et Jacques Chirac, les qualifiant tous deux d'« hommes de gauche » et déclarant : « Pour nous, disons-le clairement, Chirac, c'est Jospin en pire. »32
Cette inimitié se poursuit lors de la présidence de Jacques Chirac. Ainsi, lorsque le président du Front national parvient au second tour de l'élection présidentielle de 2002, Chirac refuse le traditionnel débat télévisé du second tour, au motif que Jean-Marie Le Pen incarne l'« intolérance et à la haine ». En retour, celui-ci accuse le président sortant de « se dégonfler »33.
Succession et retrait de la vie politique
Jean-Marie Le Pen aux côtés de Marine Le Pen et de Bruno Gollnisch, le 1er mai 2010.
Évoquant la rivalité implicite entre Bruno Gollnisch et Marine Le Pen en vue de sa succession, Jean-Marie Le Pen a déclaré, dans un entretien au Figaro du 6 novembre 2004 :
« La succession n'est pas ouverte. Il y a peut-être des gens qui, le soir, mettent des épingles dans des poupées de vaudou en pensant à moi. Mais pour l'instant, je ne me sens pas hors de combat ni hors de situation. »
Il a également confirmé, à cette occasion, qu'il avait subi, avant et pendant la campagne pour l'élection présidentielle de 2002, un traitement pour lutter contre un cancer localisé de la prostate, et qu'il en serait désormais guéri. Son seul problème de santé se limitant à cette époque, selon lui, à une arthrose de la hanche pouvant le contraindre à une « opération banale ».
Le 9 avril 2010, Jean-Marie Le Pen annonce dans une interview accordée au Figaro qu'il ne se représentera pas à la présidence du FN à l'issue du prochain congrès du parti, et qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle de 201234.
Patrimoine
Il tient une partie de son patrimoine de la vente de la société de cimenterie Lambert, que lui lègue par testament Hubert Lambert (héritier des ciments Lambert, mort sans enfant à quarante-deux ans et auteur de très nombreux articles dans diverses revues nationalistes). Cette succession donne lieu à un début de poursuites judiciaires, qui sont abandonnées après négociation avec les « cousins Lambert ». Cette fortune le met à l'abri du besoin et aide son ascension politique à la fin des années 1970. Il tirait jusque-là ses revenus des éditions phonographiques de la Serp. Il est assujetti à l'ISF depuis la création de cet impôt. Les dons aux partis politiques (comme des héritages) sont adressés à une association de financement. Jean-Marie Le Pen est condamné en 1997 pour ne pas avoir appliqué cette loi à tous les dons.[réf. nécessaire]
Prises de position
Propos polémiques
« Je n'ai rien à cacher. J'ai torturé parce qu'il fallait le faire. Quand on vous amène quelqu'un qui vient de poser vingt bombes qui peuvent exploser d'un moment à l'autre et qu'il ne veut pas parler, il faut employer des moyens exceptionnels pour l'y contraindre. C'est celui qui s'y refuse qui est le criminel car il a sur les mains le sang de dizaines de victimes dont la mort aurait pu être évitée. » Jean-Marie Le Pen dans un entretien accordé au quotidien Combat, le 9 novembre 1962. Il nuança ses propos le lendemain 10 novembre dans le quotidien parlant de « méthodes de contraintes » plutôt que de tortures.
« Croyons-nous pour autant que l'anarchisme triomphera comme force révolutionnaire et bâtira la société rêvée par Proudhon et ses disciples ? Non. Nous sommes plus près de croire que la vocation de l'anarchisme est à la fois plus profonde et plus durable. La défense de l'homme, de sa personnalité, maintenant, demain et toujours et dans toutes les formes de société imaginables. Jamais la tâche ne sera achevée, la tâche de l'anarchisme, c'est de défendre l'individu de son annulation dans la communauté mais en sachant que la tension subsistera toujours. » (extrait de son mémoire de DES de sciences politiques Le Courant anarchiste en France depuis 1945, 1971).
Évoquant les malades du sida au cours de l'émission d'Antenne 2 L'Heure de vérité, le 6 mai 198735,36, il déclare : « Les sidaïques, en respirant du virus par tous les pores, mettent en cause l'équilibre de la Nation. (…) Le sidaïque, – si vous voulez, j'emploie ce mot-là, c'est un néologisme, il est pas très beau mais je n'en connais pas d'autre –, celui-là, il faut bien le dire, est contagieux par sa transpiration, ses larmes, sa salive, son contact. C'est une espèce de lépreux, si vous voulez. »
Un scandale éclate lorsqu'il déclare le 13 septembre 1987, au Grand Jury RTL-Le Monde, à propos de la contestation, par des négationnistes, de l'utilisation par les nazis de chambres à gaz homicides : « Je n'ai pas étudié spécialement la question mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale ». Face à la réaction du journaliste, il répond « non, la question qui a été posée, c'est de savoir comment ces gens ont été tués ou non ». Son argumentation reposera plus tard, notamment lors de la conférence de presse du 18 septembre à l'Assemblée nationale, sur le fait que ces chambres à gaz ne sont pas le seul lieu où des gens ont perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale et, qui plus est, ne seraient pas mentionnées dans les Mémoires sur la Seconde Guerre mondiale de Winston Churchill (Plon, 1953), point qu'il n'avait pas mentionné sur le moment. Plus tard, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, il exprimera ses regrets pour avoir blessé lors de sa précédente déclaration, puis, le 31 janvier 1995, il fit, à la demande de Florence Belkacem, un instant de silence à la mémoire des victimes juives de ce camp37. Ces propos seront pourtant réitérés en 1997 en Bavière (pour lesquels il sera à nouveau condamné), en 2008 dans le magazine Bretons38, puis en séance du Parlement européen le 25 mars 200939.
Le 2 septembre 198840, lors de l'université d'été du Front national au Cap d'Agde, il déclara : « Monsieur Durafour et Dumoulin, obscur ministre de l'ouverture dans laquelle il a d'ailleurs immédiatement disparu, a déclaré : “Nous devons nous allier aux élections municipales, y compris avec le Parti communiste, car le Parti communiste, lui, perd des voix tandis que l'extrême droite ne cesse d'en gagner…” M. Durafour-crématoire, merci de cet aveu. » Auparavant, Michel Durafour avait déclaré lors d'un passage à la radio : « Nous voulons faire disparaître Jean-Marie Le Pen de la vie politique[réf. nécessaire] ». Le principal argument de défense sera qu'un jeu de mots similaire (« Le chef OAS d'Oran... Dufour crématoire ») était paru précédemment dans le Canard enchaîné du 27 juin 1962, sans déclencher de polémique similaire41.
Le 5 décembre 1989 lors d'un débat télévisé 42 il interpelle Lionel Stoléru au sujet de sa nationalité.
Le 18 mars 1991, commentant sa condamnation pour « banalisation de crimes contre l'humanité » et « consentement à l'horrible », il déclare : « Les politiciens « internazis » [internationaux socialistes], corrompus et hypocrites du PS, et au premier rang François Mitterrand [...], ne se contentent pas de détrousser l'État et les citoyens. » (Le Monde, 20 mars 1991)
« Que faut-il que je fasse pour ne pas être raciste ? Épouser une Noire ? Avec le sida, si possible ? » (Le Monde, 22 avril 1997)
Sur l’adoption homoparentale43 : « La loi […] n'a pas à légiférer au profit de lobbies organisés […] prétendant imposer leurs comportements déviants en modèle social normatif. Je suis donc totalement défavorable à l'adoption d'enfants par des couples homosexuels. » (25 mars 2002)
À propos de la mise en place du CFCM : « Sarkozy veut enculter les musulmans. » (propos attribués in petto, en 200344)
En janvier 2005 il déclara dans l’hebdomadaire Rivarol que « l’occupation allemande n’avait pas été particulièrement inhumaine, même s’il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 kilomètres carrés » ce qui provoque l’ouverture d’une information judiciaire suite à une plainte déposée par l’association des Fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF) représentée par Arno Klarsfeld.
Le 20 février 2007, lors du congrès de la Fédération nationale de la chasse, il ironise sur les homosexuels en les assimilant à des chapons : « Dans le Marais de Paris, on peut chasser le chapon sans date d'ouverture ou de fermeture, mais dans le marais de Picardie, on ne peut chasser le canard en février45. »
Le 4 avril 2008, dans un entretien paru dans le magazine Bretons, il a une nouvelle fois réaffirmé que les chambres à gaz sont un détail de la Seconde Guerre mondiale — Jean-Michel Aphatie remarque : « Cela, il l'avait déjà dit en 1987, lors d'un Grand Jury RTL-Le Monde. Dans Bretons, il va plus loin. Il affirme, en effet, ne « pas croire à cette vision-là », celle de la déportation et de la mort dans les camps. Dans cet entretien, Jean-Marie Le Pen est « négationniste », ce qu'il avait soigneusement évité d'être jusque-là46,47 » —, mettant en doute, au minimum, l'importance du nombre de gazés. Extrait des réponses de Jean-Marie Le Pen : « Je ne me sens pas obligé d'adhérer à cette vision-là. Je constate qu'à Auschwitz il y avait l'usine IG Farben, qu'il y avait 80 000 ouvriers qui y travaillaient. À ma connaissance, ceux-là n'ont pas été gazés en tout cas. Ni brûlés. » Ces propos sont condamnés par l'ensemble de la classe politique y compris par sa fille, Marine Le Pen et par le Front national lui-même en la personne de Louis Aliot, son secrétaire général48. Une porte-parole de la PJ parisienne a déclaré le 6 mai 2008 qu'une enquête préliminaire « a été ouverte pour contestation de crimes contre l'humanité et provocation à la haine raciale49 ». Jean-Marie Le Pen affirme cependant dans un bref communiqué qu'il avait « interdit expressément par lettre recommandée il y a déjà 15 jours » au magazine Bretons de publier cet entretien50. Le même jour, l'avocat de Jean-Marie Le Pen, Wallerand de Saint-Just, accuse la justice de poursuivre Jean-Marie Le Pen après ses nouvelles déclarations sur la Shoah « parce que c'est Le Pen », ajoutant qu'il n'y avait rien de répréhensible dans ce qu'a déclaré Jean-Marie Le Pen, qui s'est tenu « dans le cadre exact de la liberté d'expression51 ».
Certains lui reprochent ses débordements oratoires, certaines références à l'Histoire de France, ainsi que des commentaires jugés en diverses occasions racistes et antisémites : il est pour certains condamné, pour d'autres relaxé.
Ses partisans soulignent quant à eux que son équipe comporte des personnes d'origines diverses, de confession juive comme Jean-Pierre Cohen, d'origine maghrébine comme Farid Smahi, ou antillaise comme Huguette Fatna. Ils affirment aussi qu'une partie de la communauté juive de France se serait rapprochée de ses idées, ressentant une pression de l'antisémitisme en France dont la responsabilité serait à imputer en partie à l'immigration musulmane que Jean-Marie Le Pen estime responsable de nombreux maux.
« Lepénisation des esprits »
Ce néologisme politique désigne « l'acceptation et l'appropriation progressive par le public de tout ou partie des thèmes développés par Jean-Marie Le Pen ». L'une des premières occurrences figure dans le courrier des lecteurs du quotidien Le Monde, édition datée du 22 juin 1996. Le premier homme politique à employer ce terme fut Robert Badinter le 4 février 1997 lors du débat parlementaire à propos de la loi Debré sur l'immigration52.
Procès
Condamnations
Jusqu'en avril 2007, Jean-Marie Le Pen a été condamné vingt-cinq fois.
Janvier 1960 : condamné pour des menaces de mort proférées à l'encontre d'un commissaire de police (Le Monde, 21 janvier 1992).
27 avril 1964 : condamné pour coups et blessures volontaires (Le Monde, 21 janvier 1992).
16 janvier 1969 : condamné à trois mois de prison avec sursis et 20 000 F de dommages-intérêts pour coups et blessures volontaires par le Tribunal de grande instance de Paris (Le Monde, 21 janvier 1992).
14 janvier 1971 : rejet par la Cour de cassation de son pourvoi contre l'arrêt le condamnant, pour apologie de crime de guerre, à deux mois de prison avec sursis et 10 000 francs d'amende53. La pochette d'un disque édité par la Serp affirmait : « La montée vers le pouvoir d'Adolf Hitler et du Parti national-socialiste fut caractérisée par un puissant mouvement de masse, somme toute populaire et démocratique, puisqu'il triompha à la suite de consultations électorales régulières, circonstance généralement oubliée. » (« La justice a plusieurs fois condamné le chef du FN pour des propos racistes ou antisémites », Le Monde, 24 avril 2002). La Cour écrit que « L'ensemble de cette publication était de nature à inciter tout lecteur à porter un jugement de valeur morale favorable aux dirigeants du parti national-socialiste allemand […] et constituait un essai de justification au moins partielle de leurs crimes » (Martine Aubry et Olivier Duhamel, Petit dictionnaire pour lutter contre l'extrême droite, éd. du Seuil, 1995, article « Justice »).
11 mars 1986 : condamné au franc symbolique par le tribunal d'Aubervilliers pour « antisémitisme insidieux ». La peine est confirmée en appel le 9 juillet. Jean-Marie Le Pen s'en était violemment pris à des journalistes juifs ou d'ascendance juive : « Je dédie votre accueil à Jean-François Kahn, à Jean Daniel, à Yvan Levaï, à Elkabbach, à tous les menteurs de la presse de ce pays. Ces gens-là sont la honte de leur profession. Monsieur Lustiger me pardonnera ce moment de colère, puisque même Jésus le connut lorsqu'il chassa les marchands du temple, ce que nous allons faire pour notre pays. » Et il leur accordait comme circonstance atténuante de n'avoir « appris le français que récemment ».
27 mars 1986 : reconnu coupable d'apologie de crimes de guerre, dont la déportation, pour l'édition d'un disque sur lequel on peut entendre « un hymne du parti nazi » et « Vive Hitler ».
16 novembre 1987 : condamné à 3 000 F d'amende et 8 000 F de dommages-intérêts à verser au Mrap pour « provocation à la haine, la discrimination et la violence raciale » par le Tribunal de Paris à la suite de la distribution d'un tract lors des élections municipales de 1983. Condamné lors du même procès à 5 000 F d'amende pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale » pour ses propos lors d'une l'émission télévisée du 14 février 1984, selon lesquels « le monde islamo-arabe » constituerait un « danger mortel ». Peines confirmées par la Cour d'appel de Paris (11e chambre) le 29 mars 1989.
8 juin 1993 : Cassation partielle54 de l'arrêt de la cour d'appel de Paris du 29 mars 1989 en ses dispositions portant condamnations pénales et civiles du chef du délit de provocation à la discrimination raciale (condamnation concernant les propos tenus lors de l'émission télévisée). Pour la cour d'appel, Le Pen
« met l'accent sur le « monde islamo-arabe qui actuellement pénètre dans notre pays » et le « danger mortel » pour les Français de se voir ainsi « colonisés » ; que de tels propos sont de nature à créer dans l'esprit des Français l'idée qu'ils sont menacés dans leur identité même par la présence sur leur territoire de musulmans venant du tiers monde, à faire naître envers ce groupe déterminé, à raison de sa religion des réactions de rejet et à provoquer des actes discriminatoires voire de violence »
alors que, pour la Cour de cassation,
« les expressions reprochées au demandeur ne désignaient aucune personne ou aucun groupe de personnes autre que des populations étrangères indéterminées, n'étaient de nature à inciter le public ni à la haine, ni à la violence, ni à la discrimination raciale et n'avaient pas dépassé les limites du droit à la libre expression sur le phénomène de l'immigration, la cour d'appel a dénaturé les propos incriminés et fait une fausse application de l'article 24 alinéa 6 de la loi du 29 juillet 1881 »
Janvier 1991 : condamné par le tribunal de grande instance de Lyon, pour « trouble manifestement illicite à l'ordre public », à retirer tous ses affiches et tous ses tracts faisant référence au sida55. La cour d'appel de Lyon confirme[réf. nécessaire] la condamnation pour « utilisation du terme SIDA pour stigmatiser l'immigration qui représenterait un danger aussi grave que la maladie porte une atteinte intolérable à la dignité des malades, qui ont droit au respect et à la solidarité et également une atteinte intolérable à la dignité des populations immigrées ».
18 mars 1991 : condamné par la cour d'appel de Versailles pour « banalisation de crimes contre l'humanité » et « consentement à l'horrible » pour avoir déclaré :
« Je me pose un certain nombre de questions. Et je ne dis pas que les chambres à gaz n'ont pas existé. Je n'ai pas pu moi-même en voir. Je n'ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale. [...] Si, c'est un point de détail au niveau de la guerre ! Voulez-vous me dire que c'est une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire ? Que c'est une obligation morale ? Je dis qu'il y a des historiens qui débattent de ces questions. »
Jean-Marie Le Pen doit verser 10 F au MRAP, 100 000 F aux neuf autres associations s'étant portées parties civiles. Il doit faire publier le jugement à ses frais dans cinq quotidiens nationaux, à concurrence de 15 000 F, et dans cinq hebdomadaires, à concurrence de 30 000 F. En outre M. Le Pen est condamné aux dépens, et doit verser, au titre de l'article 700 du code de procédure civile, 1 000 F à chacune des dix associations (« L'affaire du « point de détail » — La cour d'appel de Versailles aggrave les peines prononcées contre M. Le Pen », Le Monde, 20 mars 1991).
27 mai 1992 : condamné pour « diffamation » par le Tribunal de Grande Instance de Paris à 1 F symbolique de dommages-intérêts à Jean-Christophe Cambadélis. Jean-Marie Le Pen avait qualifié le député PS d'« ancien — ou toujours — trotskiste, et ami des organisations terroristes allemandes » (Le Monde, 7 juin 1992).
3 juin 1993 : condamné à 10 000 francs d'amende par la Cour d'appel de Paris pour « injure publique » au ministre de la Fonction publique de l'époque, Michel Durafour, appelé « monsieur Durafour-crématoire » (Le Monde, 5 juin 1993). Le 7 décembre de la même année, la Cour de cassation a rejeté son pourvoi.
8 novembre 1995 : condamné à un redressement de 1,4 million de francs pour « oublis de plus-value boursière et sous-estimation de loyer ».
15 novembre 1996 : condamné par le Tribunal de Grande Instance de Mont-de-Marsan à 10 000 F de dommages-intérêts pour avoir tenu des propos ayant « gravement porté atteinte » au président du tribunal d'Auch (Le Monde, 17 novembre 1996).
6 janvier 1997 : condamné à 6 000 F d'amende et 1 F symbolique de dommages-intérêts par la première chambre civile du Tribunal de Grande Instance de Strasbourg pour avoir qualifié l'association Ras l'front de « mouvement de tueurs de flics » (Le Monde, 10 janvier 1997).
4 juillet 1997 : condamné à 5 000 F d'amende par la 17e chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris pour avoir traité le président de SOS-Racisme, Fodé Sylla, de « gros zébu fou » lors d'une conférence de presse (Le Monde, 6 juillet 1997).
26 décembre 199756 : condamné à 300 000 F de consignation pour diffusion du jugement dans des journaux, à verser entre un franc symbolique et 5 000 F de dommages-intérêts à onze associations plaignantes, et à payer leurs frais de justice par le Tribunal de Grande Instance de Nanterre pour « banalisation de crimes contre l'humanité, consentement à l'horrible », pour avoir dit lors d'une conférence de presse en compagnie de Franz Schönhuber, le 5 décembre 1997 à Munich, que « dans un livre de mille pages sur la Seconde Guerre mondiale, les camps de concentration occupent deux pages et les chambres à gaz dix à quinze lignes, ce qui s'appelle un détail ». Le 10 septembre 1999, la cour d'appel de Versailles confirme la peine (Le Monde, 15 septembre 1999).
2 avril 1998 : condamné à deux ans d'inéligibilité (réduits à un an par la Cour d'appel, qui ajoute 8 000 F d'amende) et trois mois de prison avec sursis par le Tribunal correctionnel de Versailles pour « violences en réunion » et « injures publiques » (faits requalifiés par la Cour d'appel en « violences sur personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions ») pour avoir agressé la maire et candidate socialiste Annette Peulvast-Bergeal (qui portait son écharpe d'élue) lors des législatives de 1997 57. Le 23 novembre 1999, la Cour de cassation a rejeté son pourvoi58,59. Par une décision du 10 mai 2001, la Cour européenne des droits de l'homme a déclaré irrecevable sa requête fondée sur la violation de l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme60.
9 septembre 1998 : condamné au franc symbolique pour avoir présenté une tête en carton à l'effigie de Catherine Trautmann lors d'un meeting du Front national en mai 1996. Le tribunal parle d'une « mise en scène macabre et choquante évoquant l'image de la mise à mort par décapitation visant d'une manière certes symbolique mais intolérable à l'élimination de l'intéressée », et estime que « l'agressivité de cette mise en scène est de nature à susciter envers Catherine Trautmann un climat d'hostilité excédant les limites admissibles d'un débat d'opinion dans une société démocratique » (Le Monde, 1er octobre 1998).
Novembre 1998 : condamné par le Tribunal de Grande Instance de Nanterre à 10 000 F de dommages-intérêts à l'Union des étudiants juifs de France pour avoir déclaré « Je crois à l'inégalité des races », lors de l'université d'été du FN, le 30 août 1996 (Le Monde, 27 novembre 1998).
10 juin 1999 : condamné à 12 000 DM (environ 6 000 €) d'amende par le tribunal d'instance de Munich pour incitation à la haine raciale et apologie de crime de guerre, i.e. « le point de détail » (MRAP, avril 2002)
24 février 2003 : La cour d'appel de Paris confirme ce jeudi-là la condamnation de Jean-Marie Le Pen à 10 000 euros d'amende pour incitation à la haine raciale, pour des propos sur les musulmans parus dans Le Monde du 19 avril 2003.
2 avril 2004 : Le tribunal correctionnel de Paris condamne Jean-Marie Le Pen à 10 000 euros d'amende pour provocation à la haine raciale, en raison de propos tenus l'an précédent dans une interview au quotidien Le Monde (il avait déclaré notamment « Le jour où nous aurons en France, non plus 5 millions mais 25 millions de musulmans, ce sont eux qui commanderont. Et les Français raseront les murs, descendront des trottoirs en baissant les yeux. »). Jean-Marie Le Pen devra également verser 5 000 euros de dommages-intérêts à la Ligue des droits de l'homme (LDH) et la même somme à la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), qui étaient parties civiles. Décision qui sera confirmée le 11 mai 2006 par la chambre criminelle de la cour de cassation.
Le président du FN a également été condamné à verser 5 000 euros de dommages-intérêts à la LDH, partie civile (Le Monde, daté du 25 février 2005).
8 février 2008 : condamné à 10 000 € d'amende et à trois mois de prison avec sursis pour complicité d'apologie de crimes de guerre et contestation de crime contre l'humanité, en raison de propos publiés en 2005 dans l'hebdomadaire Rivarol, qualifiant l'occupation allemande de « pas particulièrement inhumaine » (Affaire Le Pen - Rivarol). Le 21 janvier 2009, la Cour d'appel de Paris confirme le précédent jugement et condamne Jean-Marie Le Pen à 10 000 euros d'amende et à trois mois de prison avec sursis pour ses propos minimisant les crimes commis par l'occupant nazi sous l'Occupation, et notamment le massacre d'Ascq. Son avocat a indiqué qu'il se pourvoirait en cassation
En novembre 1944, à 16 ans, il demande au colonel Henri de La Vaissière (alias Valin) à s'engager dans les FFI (Forces françaises de l'intérieur), qui préfère refuser : « Désormais, ordre est donné de s'assurer que nos volontaires ont bien dix-huit ans révolus. Tu es pupille de la nation : songe à ta mère1 ! »
Il est élève au collège jésuite Saint-François-Xavier à Vannes, puis au lycée de Lorient. Après son baccalauréat, obtenu à Saint-Germain-en-Laye en 1947, il entre à la faculté de droit de Paris, où il vend à la criée le journal de l'Action française, Aspects de la France2. Il est diplômé d'études supérieures de sciences politiques et licencié en droit en 1952. Il a été président des étudiants en droit de Paris de 1949 à 1951 puis, par la suite, président d'honneur de la « Corpo » en janvier 1952. Alors qu'il débute en politique, il fait changer son prénom de Jean en Jean-Marie, en fusionnant deux de ses prénoms. La raison de ce changement varie selon les sources, certains affirment qu'il l'aurait fait pour rendre hommage à son père. Le mémoire pour le diplôme d'études supérieures de sciences politiques, rédigé en 1971, présenté par Jean-Marie Le Pen et Jean-Loup Vincent, s'intitule Le Courant anarchiste en France depuis 1945.
Il est un temps vice-président du Comité Pierre de Coubertin et exerce les métiers de marin-pêcheur, mineur de fond, métreur d'appartements, ambulant des PTT, etc.
En janvier 1953, il organise une colonne de secours d'étudiants volontaires pour porter assistance aux populations sinistrées lors d'inondations aux Pays-Bas. Il reçoit pour cette initiative l'appui public et politique de Vincent Auriol. Il est alors président de la Corpo droit et représente la Faculté de droit de Paris lors de différents congrès de la « Grande UNEF », où ses qualités d'orateur sont remarquées. En 1955, il est le délégué général de l'Union de défense de la jeunesse française.
De son premier mariage avec Pierrette Lalanne (née en 1935), épousée le 29 juin 1960 à Paris (VIIIe arrondissement), et dont il divorce le 18 mars 1987, il a eu trois filles (Marie-Caroline, Yann, Marine), qui lui ont donné neuf petits-enfants. La plus jeune de ses filles, Marine Le Pen, est membre du Bureau politique du Front national, et l'une de ses vice-présidentes depuis avril 2003 (à la suite du Congrès de Nice). Jean-Marie Le Pen se remarie à Rueil-Malmaison le 31 mai 1991 avec Jany Paschos, née en 1932, divorcée de l'homme d'affaires belge Jean Garnier et fille d'un marchand de tableaux grec et d'une mère d'origine néerlandaise. Sa petite-fille, Marion Maréchal-Le Pen (fille de Yann), est entrée en politique en décembre 2009 en apparaissant deuxième sur la liste Front National menée par Marie-Christine Arnautu pour les élections régionales de 2010 dans le département des Yvelines, en région Île de France3.
Jean-Marie Le Pen a déclaré avoir progressivement perdu l'usage de son œil gauche à la suite d'une cataracte traumatique consécutive à une bagarre électorale le 28 mars 1958, où il défendait Ahmed Djebbour, candidat du Front national4. Les photos de l'époque indiquent cependant qu'il avait été blessé à l'œil droit, portant un bandeau sur cet œil durant quelque temps mais sans en perdre l'usage5. Il porta ensuite un bandeau sur l'œil gauche au début des années 19706, période correspondant à sa perte partielle de vision suite à une cataracte.
Jean-Marie Le Pen, déjà parrain du fils de son ancien numéro deux, Bruno Mégret7, devient le parrain d'une des filles de l'humoriste Dieudonné en juillet 20088.
Parcours politique
Jean-Marie Le Pen à la fête des Bleu-blanc-rouge, le 8 octobre 2005.
Jean-Marie Le Pen est un ancien soldat des guerres d'Indochine et d'Algérie. Il arrive en Indochine en 1955, après la fin des combats, où il sert comme sous-lieutenant dans le 1er bataillon étranger de parachutistes. Il y est, entre autres, journaliste à Caravelle, l'organe du corps expéditionnaire français (1955). À cette époque, il montre déjà son goût pour la provocation, l'anti-intellectualisme et pour la préservation des mœurs : « La France est gouvernée par des pédérastes : Sartre, Camus, Mauriac » (L'Express, 18 mars 1955).
Repéré par Pierre Poujade, celui-ci le place à la tête de la liste d'Union et fraternité française (UFF) aux élections législatives du 2 janvier 1956 dans la troisième circonscription de la Seine (aujourd'hui Paris). Dans cette circonscription qui compte des candidats aussi aguerris que Roger Garaudy, Vincent de Moro-Giafferi, Pierre Clostermann ou Édouard Frédéric-Dupont, Jean Le Pen, qui se présente encore comme « étudiant », fait figure d'inconnu. La vague poujadiste le porte pourtant jusqu'à l'Assemblée nationale : avec 37 748 voix sur 470 266 suffrages exprimés, et grâce au système de la répartition des restes à la plus forte moyenne, Jean-Marie Le Pen est, à 27 ans, le plus jeune élu de la législature. Mais, en 1957, il est exclu de l'UFF. Cette même année, après avoir créé le « Mouvement national d'action civique et sociale »9, il devient secrétaire général du Front national des combattants (FNC). À ce titre, il soutient la candidature d'un Français de confession musulmane, Ahmed Djebbour, qui est élu [élu quoi ?].
L'année suivante, il est réélu député et adhère au groupe parlementaire du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) présidé par Antoine Pinay. Il est à cette époque rapporteur du budget de la Guerre à l'Assemblée nationale et de la Défense au Sénat de la communauté. Il ne prend pas part au vote des pleins pouvoirs à Charles de Gaulle10. Il quitte par la suite les bancs de l'Assemblée nationale et se porte volontaire pour se battre pour la défense de l'Algérie française.
Il a été accusé dans les années 1980 d'avoir pratiqué la torture durant cette guerre (cf. infra).
Il participe plus tard à l'opération franco-britannique de Suez. Jean-Marie Le Pen est décoré de la Croix de la valeur militaire. Il estime que son engagement politique est fondé sur l'amour du peuple et de la patrie. Battu en 1962 par André Capitant dans la 3ème circonscription de la Seine, Jean-Marie Le Pen crée une entreprise d'édition phonographique, la Serp (Société d'études et de relations publiques), spécialisée dans l'édition de disques de musique militaire, d’histoire et de discours historiques11. Il devient le directeur de campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour, candidat à l'élection présidentielle de 1965.
Jean-Marie Le Pen interviewé dans sa maison de Saint-Cloud, le 10 novembre 2005.
En janvier 1971, sa maison de disques, la Serp, édite un disque intitulé Le IIIe Reich. Voix et chants de la Révolution allemande ainsi que, entre autres, des chants de l’Armée rouge, des discours de dirigeants communistes, comme Lénine ou un disque de chants israéliens[réf. nécessaire]. Le premier de ces disques lui vaut une condamnation en 1971 pour « apologie de crimes de guerre ». En 1972, il est appelé à présider le jeune Front national — parti créé par Ordre nouveau afin d'élargir son champ électoral — et continue son combat pour ses idées nationalistes. Les résultats électoraux du Front national sont en hausse constante depuis les élections municipales de 1983, à Dreux notamment.
N’obtenant jusqu'alors que des scores extrêmement faibles lors des scrutins, la forte poussée électorale de Jean-Pierre Stirbois à Dreux en 1983 (16,7 %) puis une médiatisation de son discours suite à cette percée (invitation par Europe 1, radio privée, à l'automne 1983, puis invitation à la demande du président de la République François Mitterrand12 sur Antenne 2, chaîne de télévision publique, en février 1984, notamment à L'Heure de vérité) l'aide à acquérir une dimension qu'il n'avait jamais atteinte auparavant, ce qui aboutit au score national de 10,95 % de la liste qu'il conduit aux élections européennes de juin 1984 (il est constamment réélu depuis). La droite doit se positionner par rapport à Jean-Marie Le Pen, situation inédite depuis 1967-1968, car elle intégrait depuis l'essentiel de la « droite nationale » dans ses rangs. En effet, un certain nombre des cadres du Front national vient des partis de droite ou bien ont travaillé avec eux, notamment Bruno Gollnisch, Gabriel Domenech, Jean-Marie Le Chevallier, Jean-Yves Le Gallou, Bruno Mégret, ou encore Michel de Rostolan.
En 1992 et 1998, il est élu au Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur. C'est dans l'Est de la France, en particulier dans le Sud-Est, qu'il rencontre le plus de succès. Ces résultats s'expliquent en partie par de nombreuses tensions sociales et la présence d'importantes communautés d'origine maghrébine ; mais de forts résultats sont également enregistrés dans des communes très aisées comme Cagnes-sur-Mer ou en milieu rural, pourtant étranger aux problématiques liées à l'immigration. Fin 1998, une scission avec Bruno Mégret handicape le Front national qui perd nombre de ses cadres et des milliers d'adhérents. Le Front national chute à 6 % aux élections européennes de 1999 et n'obtient que 6 sièges.
Par un décret du 31 mars 200013, le Premier ministre constate que l'inéligibilité de Le Pen, prononcée le 17 novembre 1998 à titre de peine complémentaire par la cour d'appel de Versailles (8e chambre)14, met fin à son mandat de représentant au Parlement européen. Par un arrêt du 6 octobre 200015,16, le Conseil d'État rejette le recours de Le Pen contre ce décret. La présidente du Parlement européen ayant, le 23 octobre 2000, pris acte de la déchéance du mandat du président du Front national, celui-ci conteste cette décision devant les juridictions communautaires : il obtient d'abord le sursis à exécution de cette décision17, mais ses recours au fond sont ensuite rejetés18.
Une ascension progressive
De 1956 à 1962 : député de la troisième circonscription de la Seine (Groupe d'Union et fraternité française), et, à partir de 1958, siégeant sous l'étiquette du Centre national des indépendants et paysans (CNI) ;
En 1965 : il est directeur de campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour pour l'élection présidentielle ;
Le 5 octobre 1972 : fonde le Front national (FN) ;
En avril 1974 : se porte candidat à l'élection présidentielle19 et obtient 0,75 % des voix ;
2 novembre 1976 : attentat à la bombe contre son domicile parisien qui est complètement détruit20 ;
1978 : assassinat de François Duprat, membre du bureau politique du Front national ;
En avril 1981 : n'obtient pas les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à l'élection présidentielle ;
1983 : conseiller du XXe arrondissement de Paris ;
En juin 1984 : élu député européen ;
De mars 1986 à juin 1988 : député de Paris lors des élections législatives (scrutin de liste proportionnel à un tour) ;
En avril 1988 : candidat à l'élection présidentielle, il obtient 14,39 % des voix ;
En novembre 1990 : se rend en Irak pendant la guerre pour négocier directement avec Saddam Hussein la libération de 55 otages qu'il ramène en France21 ;
En mars 1992 : élu conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur ;
En juin 1994 : réélu député européen ;
en avril 1995 : candidat à l'élection présidentielle, il obtient 15 % des voix, et arrive en quatrième position au 1er tour, après Lionel Jospin, Jacques Chirac et Édouard Balladur ;
En mars 1998 : réélu conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur ;
En juin 1999 : réélu député européen ;
Le 21 avril 2002 : à l'élection présidentielle, il obtient 16,86 % des suffrages (sur 16 candidats), derrière Jacques Chirac et devant Lionel Jospin, et se qualifie ainsi pour le second tour ;
Le 5 mai 2002 : obtient 17,79 % des voix au second tour de l'élection présidentielle contre 82,21 % pour Jacques Chirac ;
En février 2004 : sa candidature pour les élections régionales des 21 et 28 mars en Provence-Alpes-Côte d'Azur est rejetée par le préfet de région, pour cause d'absence de domiciliation ou d'attache fiscale dans la région22,23 ;
En juin 2004 : réélu au Parlement européen dans la Circonscription Sud-Est.
En juin 2009 : réélu au Parlement européen dans la Circonscription Sud-Est.
Candidat à la présidence de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, pour les élections régionales de 2010.
De multiples candidatures aux élections présidentielles
Il se présente aux élections présidentielles de 1974, 1988, 1995, 2002 et 2007 (en 1981, il ne peut se présenter, faute d'avoir obtenu les parrainages nécessaires), en professant des idées nationalistes, dont certaines considérées par ses adversaires comme xénophobes et/ou extrémistes :
relance de la démographie par la natalité ;
politique de lutte contre l'immigration et pour la préférence nationale ;
lutte contre l'« ultra-libéralisme » et le libre-échange par le rétablissement des frontières ;
limitation du fédéralisme européen et de ce qu'il appelle « la toute-puissance de l'Administration » et les « eurofédérastes », et défense de la souveraineté française.
En 2002
Article détaillé : Élection présidentielle française de 2002.
Jean-Marie Le Pen, en septembre 2001.
Lors de l'élection présidentielle de 2002, alors qu'il avait rencontré des difficultés à réunir les 500 parrainages nécessaires pour se porter candidat et que son parti demeurait dans l'ombre depuis sa scission de 1998, il obtient 16,86 % des voix (4,8 millions de suffrages). Cela lui permet, non seulement en raison d'un éparpillement des voix de gauche sur un grand nombre de candidats du premier tour mais surtout du fait d'une faible mobilisation des électeurs de gauche, de participer au deuxième tour contre Jacques Chirac, qu'il perd avec 17,79 % des voix. Cette élection constitue un événement important dans la vie politique française dans la mesure où c'est la première fois qu'un candidat d'extrême droite passe le premier tour d'une élection présidentielle. Le traditionnel débat d'entre-deux-tours entre les deux candidats présents au second tour n'a pas eu lieu, son adversaire ayant refusé de débattre avec lui en direct sur les chaînes de télévision.
En 2007
Jean-Marie Le Pen lors de la campagne présidentielle de 2007.
Jean-Marie Le Pen déposant son bulletin dans l'urne, lors du premier tour.
Article détaillé : Élection présidentielle française de 2007.
En vue de l'élection présidentielle et des législatives de 2007, Jean-Marie Le Pen a lancé un appel à différents partis et courants politiques pour constituer une « union patriotique » dont il serait à la tête24. Il s'agit pour lui d'éviter une dispersion préjudiciable des voix. Bruno Mégret président du Mouvement national républicain (MNR), ainsi que le Parti populiste, ont répondu favorablement à cet appel. En revanche, Philippe de Villiers président du Mouvement pour la France (MPF) a décliné l'offre.
Durant cette campagne, Jean-Marie Le Pen évoque fréquemment les difficultés qu'il éprouverait pour obtenir les 500 parrainages d'élus nécessaires à la validation de sa candidature. Il dénonce en particulier la publication des listes de parrains.
Le 20 décembre 2006, Bruno Mégret annonce officiellement son soutien à la candidature du président du Front national, lors d'une conférence de presse en compagnie de celui-ci, et scellent une « réconciliation personnelle et politique25 ».
Le programme économique de cette campagne est confié à Jean-Richard Sulzer, secrétaire général du groupe FN au conseil régional d'Île-de-France, professeur de gestion à l'université Paris-Dauphine et ancien centriste proche d'Edgar Faure et Raymond Barre.
Âgé de 78 ans au moment du scrutin, Jean-Marie Le Pen est, en 2007, le doyen d'âge des candidats français à une élection présidentielle au scrutin direct.
Son score au premier tour de l'élection présidentielle de 2007 (3 834 530 suffrages, soit 10,44 % des voix) a considérablement reculé par rapport à la précédente élection de ce type, ne lui permettant pas cette fois-ci d'atteindre le second tour. Le 1er mai, lors de sa traditionnelle intervention après le défilé du Front national en hommage à Jeanne d'Arc, Jean-Marie Le Pen invite ses électeurs à « s'abstenir massivement » au second tour26, qualifiant le choix entre les deux candidats de choix entre « bonnet rose et rose bonnet27 ».
Après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, le président du Front national a estimé que « les électeurs auront le président qu'ils méritent ». Selon lui, « la France a voté contre une nouvelle catastrophe socialiste », mais il a immédiatement disqualifié le nouveau président, estimant qu'il aura « moins de pouvoir que le gouverneur d'un des États des États-Unis ». Selon TNS-Sofres, seuls 19 % des électeurs de Jean-Marie Le Pen auraient suivi sa consigne d'abstention. Un chiffre contesté par le président du FN : « d'après ce que j'ai à ma disposition, le nombre de bulletins blancs et nuls a triplé », a-t-il estimé28.
Lors du XIIIe Congrès du Front national réuni à Bordeaux les 17 et 18 novembre 2007, Jean-Marie Le Pen est réélu président du Front national avec 97,67 % des voix et 2,3 % de bulletins blancs ou nuls.
Relations avec les anciens présidents de la République française
Jean-Marie Le Pen, en tant que figure majeure du paysage politique français, est amené à en rencontrer les principaux dirigeants. Il entretient ainsi des relations très diverses avec les anciens présidents de la République : alors que ses échanges avec François Mitterrand sont toujours sinon cordiaux, du moins respectueux, il voue une haine féroce à Jacques Chirac.
Valéry Giscard d'Estaing
Jean-Marie Le Pen est membre du Centre national des indépendants et paysans aux côtés de Valéry Giscard d'Estaing, au début des années 1960, sans toutefois se lier d'amitié29. Ils s'affrontent ensuite lors de l'élection présidentielle de 1974, qui voit la victoire de VGE. Même s'il appelle alors ses électeurs à voter pour le candidat des Républicains indépendants30, Jean-Marie Le Pen garde une certaine rancœur datant de cette élection : en effet, c'est Valéry Giscard d'Estaing qui était à l'époque considéré comme le candidat « anti-gaulliste »29.
François Mitterrand
Jean-Marie Le Pen croise François Mitterrand pour la première fois en 1956, à Nevers. Venu pour écouter un discours de ce dernier, Jean-Marie Le Pen profite d'un incident (la syncope de François Mitterrand) pour « bondir » sur scène et prononcer le programme poujadiste29.
Par la suite, le leader frontiste a su gré à François Mitterrand de lui accorder un traitement « équitable »29. Ils se portent d'ailleurs toujours en haute estime, au-delà de leurs divergences politiques passées29. En effet, cette équité de traitement, vraisemblablement pas désintéressée de la part du président Mitterrand31, a permis à Jean-Marie Le Pen, outre le fait d'accéder à une couverture médiatique plus importante, d'être élu à l'Assemblée nationale (par le biais du scrutin à la proportionnelle instauré pour les élections législatives de 1986).
Jacques Chirac
Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac se détestent mutuellement. En effet, selon le président du Front national, l'ancien président aurait déclaré « qu'il était déshonorant de [lui] serrer la main29. Il l'a pourtant fait, en 1987, sur une plage de Cap d'Antibes, puisqu'une une photo les montre tous deux en maillots de bain, chaussures à la main pour M. Chirac, se saluant poliment29. S'il s'agit pour Claude Chirac d'un coup monté, Jean-Marie Le Pen assure pour sa part que c'est Jacques Chirac qui est venu le voir de lui-même, « souriant » et détendu29, comme semble du reste le montrer la photo. Jean-Marie Le Pen a aussi rencontré Jacques Chirac secrètement en 1988, entre les deux tours de la présidentielle, par l'entremise du général Pierre de Bénouville et en présence de Charles Pasqua. Jacques Chirac désirait prévenir Jean-Marie Le Pen qu'il ne lui ferait aucune concession sur son programme. Le Pen a donc rétorqué qu'il ne donnerait pas pour consigne de voter Chirac29.
Lors du second tour de l'élection présidentielle de 1995, Le Pen, arrivé en quatrième position derrière Édouard Balladur, ne donne aucune consigne de vote entre Lionel Jospin et Jacques Chirac, les qualifiant tous deux d'« hommes de gauche » et déclarant : « Pour nous, disons-le clairement, Chirac, c'est Jospin en pire. »32
Cette inimitié se poursuit lors de la présidence de Jacques Chirac. Ainsi, lorsque le président du Front national parvient au second tour de l'élection présidentielle de 2002, Chirac refuse le traditionnel débat télévisé du second tour, au motif que Jean-Marie Le Pen incarne l'« intolérance et à la haine ». En retour, celui-ci accuse le président sortant de « se dégonfler »33.
Succession et retrait de la vie politique
Jean-Marie Le Pen aux côtés de Marine Le Pen et de Bruno Gollnisch, le 1er mai 2010.
Évoquant la rivalité implicite entre Bruno Gollnisch et Marine Le Pen en vue de sa succession, Jean-Marie Le Pen a déclaré, dans un entretien au Figaro du 6 novembre 2004 :
« La succession n'est pas ouverte. Il y a peut-être des gens qui, le soir, mettent des épingles dans des poupées de vaudou en pensant à moi. Mais pour l'instant, je ne me sens pas hors de combat ni hors de situation. »
Il a également confirmé, à cette occasion, qu'il avait subi, avant et pendant la campagne pour l'élection présidentielle de 2002, un traitement pour lutter contre un cancer localisé de la prostate, et qu'il en serait désormais guéri. Son seul problème de santé se limitant à cette époque, selon lui, à une arthrose de la hanche pouvant le contraindre à une « opération banale ».
Le 9 avril 2010, Jean-Marie Le Pen annonce dans une interview accordée au Figaro qu'il ne se représentera pas à la présidence du FN à l'issue du prochain congrès du parti, et qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle de 201234.
Patrimoine
Il tient une partie de son patrimoine de la vente de la société de cimenterie Lambert, que lui lègue par testament Hubert Lambert (héritier des ciments Lambert, mort sans enfant à quarante-deux ans et auteur de très nombreux articles dans diverses revues nationalistes). Cette succession donne lieu à un début de poursuites judiciaires, qui sont abandonnées après négociation avec les « cousins Lambert ». Cette fortune le met à l'abri du besoin et aide son ascension politique à la fin des années 1970. Il tirait jusque-là ses revenus des éditions phonographiques de la Serp. Il est assujetti à l'ISF depuis la création de cet impôt. Les dons aux partis politiques (comme des héritages) sont adressés à une association de financement. Jean-Marie Le Pen est condamné en 1997 pour ne pas avoir appliqué cette loi à tous les dons.[réf. nécessaire]
Prises de position
Propos polémiques
« Je n'ai rien à cacher. J'ai torturé parce qu'il fallait le faire. Quand on vous amène quelqu'un qui vient de poser vingt bombes qui peuvent exploser d'un moment à l'autre et qu'il ne veut pas parler, il faut employer des moyens exceptionnels pour l'y contraindre. C'est celui qui s'y refuse qui est le criminel car il a sur les mains le sang de dizaines de victimes dont la mort aurait pu être évitée. » Jean-Marie Le Pen dans un entretien accordé au quotidien Combat, le 9 novembre 1962. Il nuança ses propos le lendemain 10 novembre dans le quotidien parlant de « méthodes de contraintes » plutôt que de tortures.
« Croyons-nous pour autant que l'anarchisme triomphera comme force révolutionnaire et bâtira la société rêvée par Proudhon et ses disciples ? Non. Nous sommes plus près de croire que la vocation de l'anarchisme est à la fois plus profonde et plus durable. La défense de l'homme, de sa personnalité, maintenant, demain et toujours et dans toutes les formes de société imaginables. Jamais la tâche ne sera achevée, la tâche de l'anarchisme, c'est de défendre l'individu de son annulation dans la communauté mais en sachant que la tension subsistera toujours. » (extrait de son mémoire de DES de sciences politiques Le Courant anarchiste en France depuis 1945, 1971).
Évoquant les malades du sida au cours de l'émission d'Antenne 2 L'Heure de vérité, le 6 mai 198735,36, il déclare : « Les sidaïques, en respirant du virus par tous les pores, mettent en cause l'équilibre de la Nation. (…) Le sidaïque, – si vous voulez, j'emploie ce mot-là, c'est un néologisme, il est pas très beau mais je n'en connais pas d'autre –, celui-là, il faut bien le dire, est contagieux par sa transpiration, ses larmes, sa salive, son contact. C'est une espèce de lépreux, si vous voulez. »
Un scandale éclate lorsqu'il déclare le 13 septembre 1987, au Grand Jury RTL-Le Monde, à propos de la contestation, par des négationnistes, de l'utilisation par les nazis de chambres à gaz homicides : « Je n'ai pas étudié spécialement la question mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale ». Face à la réaction du journaliste, il répond « non, la question qui a été posée, c'est de savoir comment ces gens ont été tués ou non ». Son argumentation reposera plus tard, notamment lors de la conférence de presse du 18 septembre à l'Assemblée nationale, sur le fait que ces chambres à gaz ne sont pas le seul lieu où des gens ont perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale et, qui plus est, ne seraient pas mentionnées dans les Mémoires sur la Seconde Guerre mondiale de Winston Churchill (Plon, 1953), point qu'il n'avait pas mentionné sur le moment. Plus tard, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, il exprimera ses regrets pour avoir blessé lors de sa précédente déclaration, puis, le 31 janvier 1995, il fit, à la demande de Florence Belkacem, un instant de silence à la mémoire des victimes juives de ce camp37. Ces propos seront pourtant réitérés en 1997 en Bavière (pour lesquels il sera à nouveau condamné), en 2008 dans le magazine Bretons38, puis en séance du Parlement européen le 25 mars 200939.
Le 2 septembre 198840, lors de l'université d'été du Front national au Cap d'Agde, il déclara : « Monsieur Durafour et Dumoulin, obscur ministre de l'ouverture dans laquelle il a d'ailleurs immédiatement disparu, a déclaré : “Nous devons nous allier aux élections municipales, y compris avec le Parti communiste, car le Parti communiste, lui, perd des voix tandis que l'extrême droite ne cesse d'en gagner…” M. Durafour-crématoire, merci de cet aveu. » Auparavant, Michel Durafour avait déclaré lors d'un passage à la radio : « Nous voulons faire disparaître Jean-Marie Le Pen de la vie politique[réf. nécessaire] ». Le principal argument de défense sera qu'un jeu de mots similaire (« Le chef OAS d'Oran... Dufour crématoire ») était paru précédemment dans le Canard enchaîné du 27 juin 1962, sans déclencher de polémique similaire41.
Le 5 décembre 1989 lors d'un débat télévisé 42 il interpelle Lionel Stoléru au sujet de sa nationalité.
Le 18 mars 1991, commentant sa condamnation pour « banalisation de crimes contre l'humanité » et « consentement à l'horrible », il déclare : « Les politiciens « internazis » [internationaux socialistes], corrompus et hypocrites du PS, et au premier rang François Mitterrand [...], ne se contentent pas de détrousser l'État et les citoyens. » (Le Monde, 20 mars 1991)
« Que faut-il que je fasse pour ne pas être raciste ? Épouser une Noire ? Avec le sida, si possible ? » (Le Monde, 22 avril 1997)
Sur l’adoption homoparentale43 : « La loi […] n'a pas à légiférer au profit de lobbies organisés […] prétendant imposer leurs comportements déviants en modèle social normatif. Je suis donc totalement défavorable à l'adoption d'enfants par des couples homosexuels. » (25 mars 2002)
À propos de la mise en place du CFCM : « Sarkozy veut enculter les musulmans. » (propos attribués in petto, en 200344)
En janvier 2005 il déclara dans l’hebdomadaire Rivarol que « l’occupation allemande n’avait pas été particulièrement inhumaine, même s’il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 kilomètres carrés » ce qui provoque l’ouverture d’une information judiciaire suite à une plainte déposée par l’association des Fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF) représentée par Arno Klarsfeld.
Le 20 février 2007, lors du congrès de la Fédération nationale de la chasse, il ironise sur les homosexuels en les assimilant à des chapons : « Dans le Marais de Paris, on peut chasser le chapon sans date d'ouverture ou de fermeture, mais dans le marais de Picardie, on ne peut chasser le canard en février45. »
Le 4 avril 2008, dans un entretien paru dans le magazine Bretons, il a une nouvelle fois réaffirmé que les chambres à gaz sont un détail de la Seconde Guerre mondiale — Jean-Michel Aphatie remarque : « Cela, il l'avait déjà dit en 1987, lors d'un Grand Jury RTL-Le Monde. Dans Bretons, il va plus loin. Il affirme, en effet, ne « pas croire à cette vision-là », celle de la déportation et de la mort dans les camps. Dans cet entretien, Jean-Marie Le Pen est « négationniste », ce qu'il avait soigneusement évité d'être jusque-là46,47 » —, mettant en doute, au minimum, l'importance du nombre de gazés. Extrait des réponses de Jean-Marie Le Pen : « Je ne me sens pas obligé d'adhérer à cette vision-là. Je constate qu'à Auschwitz il y avait l'usine IG Farben, qu'il y avait 80 000 ouvriers qui y travaillaient. À ma connaissance, ceux-là n'ont pas été gazés en tout cas. Ni brûlés. » Ces propos sont condamnés par l'ensemble de la classe politique y compris par sa fille, Marine Le Pen et par le Front national lui-même en la personne de Louis Aliot, son secrétaire général48. Une porte-parole de la PJ parisienne a déclaré le 6 mai 2008 qu'une enquête préliminaire « a été ouverte pour contestation de crimes contre l'humanité et provocation à la haine raciale49 ». Jean-Marie Le Pen affirme cependant dans un bref communiqué qu'il avait « interdit expressément par lettre recommandée il y a déjà 15 jours » au magazine Bretons de publier cet entretien50. Le même jour, l'avocat de Jean-Marie Le Pen, Wallerand de Saint-Just, accuse la justice de poursuivre Jean-Marie Le Pen après ses nouvelles déclarations sur la Shoah « parce que c'est Le Pen », ajoutant qu'il n'y avait rien de répréhensible dans ce qu'a déclaré Jean-Marie Le Pen, qui s'est tenu « dans le cadre exact de la liberté d'expression51 ».
Certains lui reprochent ses débordements oratoires, certaines références à l'Histoire de France, ainsi que des commentaires jugés en diverses occasions racistes et antisémites : il est pour certains condamné, pour d'autres relaxé.
Ses partisans soulignent quant à eux que son équipe comporte des personnes d'origines diverses, de confession juive comme Jean-Pierre Cohen, d'origine maghrébine comme Farid Smahi, ou antillaise comme Huguette Fatna. Ils affirment aussi qu'une partie de la communauté juive de France se serait rapprochée de ses idées, ressentant une pression de l'antisémitisme en France dont la responsabilité serait à imputer en partie à l'immigration musulmane que Jean-Marie Le Pen estime responsable de nombreux maux.
« Lepénisation des esprits »
Ce néologisme politique désigne « l'acceptation et l'appropriation progressive par le public de tout ou partie des thèmes développés par Jean-Marie Le Pen ». L'une des premières occurrences figure dans le courrier des lecteurs du quotidien Le Monde, édition datée du 22 juin 1996. Le premier homme politique à employer ce terme fut Robert Badinter le 4 février 1997 lors du débat parlementaire à propos de la loi Debré sur l'immigration52.
Procès
Condamnations
Jusqu'en avril 2007, Jean-Marie Le Pen a été condamné vingt-cinq fois.
Janvier 1960 : condamné pour des menaces de mort proférées à l'encontre d'un commissaire de police (Le Monde, 21 janvier 1992).
27 avril 1964 : condamné pour coups et blessures volontaires (Le Monde, 21 janvier 1992).
16 janvier 1969 : condamné à trois mois de prison avec sursis et 20 000 F de dommages-intérêts pour coups et blessures volontaires par le Tribunal de grande instance de Paris (Le Monde, 21 janvier 1992).
14 janvier 1971 : rejet par la Cour de cassation de son pourvoi contre l'arrêt le condamnant, pour apologie de crime de guerre, à deux mois de prison avec sursis et 10 000 francs d'amende53. La pochette d'un disque édité par la Serp affirmait : « La montée vers le pouvoir d'Adolf Hitler et du Parti national-socialiste fut caractérisée par un puissant mouvement de masse, somme toute populaire et démocratique, puisqu'il triompha à la suite de consultations électorales régulières, circonstance généralement oubliée. » (« La justice a plusieurs fois condamné le chef du FN pour des propos racistes ou antisémites », Le Monde, 24 avril 2002). La Cour écrit que « L'ensemble de cette publication était de nature à inciter tout lecteur à porter un jugement de valeur morale favorable aux dirigeants du parti national-socialiste allemand […] et constituait un essai de justification au moins partielle de leurs crimes » (Martine Aubry et Olivier Duhamel, Petit dictionnaire pour lutter contre l'extrême droite, éd. du Seuil, 1995, article « Justice »).
11 mars 1986 : condamné au franc symbolique par le tribunal d'Aubervilliers pour « antisémitisme insidieux ». La peine est confirmée en appel le 9 juillet. Jean-Marie Le Pen s'en était violemment pris à des journalistes juifs ou d'ascendance juive : « Je dédie votre accueil à Jean-François Kahn, à Jean Daniel, à Yvan Levaï, à Elkabbach, à tous les menteurs de la presse de ce pays. Ces gens-là sont la honte de leur profession. Monsieur Lustiger me pardonnera ce moment de colère, puisque même Jésus le connut lorsqu'il chassa les marchands du temple, ce que nous allons faire pour notre pays. » Et il leur accordait comme circonstance atténuante de n'avoir « appris le français que récemment ».
27 mars 1986 : reconnu coupable d'apologie de crimes de guerre, dont la déportation, pour l'édition d'un disque sur lequel on peut entendre « un hymne du parti nazi » et « Vive Hitler ».
16 novembre 1987 : condamné à 3 000 F d'amende et 8 000 F de dommages-intérêts à verser au Mrap pour « provocation à la haine, la discrimination et la violence raciale » par le Tribunal de Paris à la suite de la distribution d'un tract lors des élections municipales de 1983. Condamné lors du même procès à 5 000 F d'amende pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale » pour ses propos lors d'une l'émission télévisée du 14 février 1984, selon lesquels « le monde islamo-arabe » constituerait un « danger mortel ». Peines confirmées par la Cour d'appel de Paris (11e chambre) le 29 mars 1989.
8 juin 1993 : Cassation partielle54 de l'arrêt de la cour d'appel de Paris du 29 mars 1989 en ses dispositions portant condamnations pénales et civiles du chef du délit de provocation à la discrimination raciale (condamnation concernant les propos tenus lors de l'émission télévisée). Pour la cour d'appel, Le Pen
« met l'accent sur le « monde islamo-arabe qui actuellement pénètre dans notre pays » et le « danger mortel » pour les Français de se voir ainsi « colonisés » ; que de tels propos sont de nature à créer dans l'esprit des Français l'idée qu'ils sont menacés dans leur identité même par la présence sur leur territoire de musulmans venant du tiers monde, à faire naître envers ce groupe déterminé, à raison de sa religion des réactions de rejet et à provoquer des actes discriminatoires voire de violence »
alors que, pour la Cour de cassation,
« les expressions reprochées au demandeur ne désignaient aucune personne ou aucun groupe de personnes autre que des populations étrangères indéterminées, n'étaient de nature à inciter le public ni à la haine, ni à la violence, ni à la discrimination raciale et n'avaient pas dépassé les limites du droit à la libre expression sur le phénomène de l'immigration, la cour d'appel a dénaturé les propos incriminés et fait une fausse application de l'article 24 alinéa 6 de la loi du 29 juillet 1881 »
Janvier 1991 : condamné par le tribunal de grande instance de Lyon, pour « trouble manifestement illicite à l'ordre public », à retirer tous ses affiches et tous ses tracts faisant référence au sida55. La cour d'appel de Lyon confirme[réf. nécessaire] la condamnation pour « utilisation du terme SIDA pour stigmatiser l'immigration qui représenterait un danger aussi grave que la maladie porte une atteinte intolérable à la dignité des malades, qui ont droit au respect et à la solidarité et également une atteinte intolérable à la dignité des populations immigrées ».
18 mars 1991 : condamné par la cour d'appel de Versailles pour « banalisation de crimes contre l'humanité » et « consentement à l'horrible » pour avoir déclaré :
« Je me pose un certain nombre de questions. Et je ne dis pas que les chambres à gaz n'ont pas existé. Je n'ai pas pu moi-même en voir. Je n'ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale. [...] Si, c'est un point de détail au niveau de la guerre ! Voulez-vous me dire que c'est une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire ? Que c'est une obligation morale ? Je dis qu'il y a des historiens qui débattent de ces questions. »
Jean-Marie Le Pen doit verser 10 F au MRAP, 100 000 F aux neuf autres associations s'étant portées parties civiles. Il doit faire publier le jugement à ses frais dans cinq quotidiens nationaux, à concurrence de 15 000 F, et dans cinq hebdomadaires, à concurrence de 30 000 F. En outre M. Le Pen est condamné aux dépens, et doit verser, au titre de l'article 700 du code de procédure civile, 1 000 F à chacune des dix associations (« L'affaire du « point de détail » — La cour d'appel de Versailles aggrave les peines prononcées contre M. Le Pen », Le Monde, 20 mars 1991).
27 mai 1992 : condamné pour « diffamation » par le Tribunal de Grande Instance de Paris à 1 F symbolique de dommages-intérêts à Jean-Christophe Cambadélis. Jean-Marie Le Pen avait qualifié le député PS d'« ancien — ou toujours — trotskiste, et ami des organisations terroristes allemandes » (Le Monde, 7 juin 1992).
3 juin 1993 : condamné à 10 000 francs d'amende par la Cour d'appel de Paris pour « injure publique » au ministre de la Fonction publique de l'époque, Michel Durafour, appelé « monsieur Durafour-crématoire » (Le Monde, 5 juin 1993). Le 7 décembre de la même année, la Cour de cassation a rejeté son pourvoi.
8 novembre 1995 : condamné à un redressement de 1,4 million de francs pour « oublis de plus-value boursière et sous-estimation de loyer ».
15 novembre 1996 : condamné par le Tribunal de Grande Instance de Mont-de-Marsan à 10 000 F de dommages-intérêts pour avoir tenu des propos ayant « gravement porté atteinte » au président du tribunal d'Auch (Le Monde, 17 novembre 1996).
6 janvier 1997 : condamné à 6 000 F d'amende et 1 F symbolique de dommages-intérêts par la première chambre civile du Tribunal de Grande Instance de Strasbourg pour avoir qualifié l'association Ras l'front de « mouvement de tueurs de flics » (Le Monde, 10 janvier 1997).
4 juillet 1997 : condamné à 5 000 F d'amende par la 17e chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris pour avoir traité le président de SOS-Racisme, Fodé Sylla, de « gros zébu fou » lors d'une conférence de presse (Le Monde, 6 juillet 1997).
26 décembre 199756 : condamné à 300 000 F de consignation pour diffusion du jugement dans des journaux, à verser entre un franc symbolique et 5 000 F de dommages-intérêts à onze associations plaignantes, et à payer leurs frais de justice par le Tribunal de Grande Instance de Nanterre pour « banalisation de crimes contre l'humanité, consentement à l'horrible », pour avoir dit lors d'une conférence de presse en compagnie de Franz Schönhuber, le 5 décembre 1997 à Munich, que « dans un livre de mille pages sur la Seconde Guerre mondiale, les camps de concentration occupent deux pages et les chambres à gaz dix à quinze lignes, ce qui s'appelle un détail ». Le 10 septembre 1999, la cour d'appel de Versailles confirme la peine (Le Monde, 15 septembre 1999).
2 avril 1998 : condamné à deux ans d'inéligibilité (réduits à un an par la Cour d'appel, qui ajoute 8 000 F d'amende) et trois mois de prison avec sursis par le Tribunal correctionnel de Versailles pour « violences en réunion » et « injures publiques » (faits requalifiés par la Cour d'appel en « violences sur personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions ») pour avoir agressé la maire et candidate socialiste Annette Peulvast-Bergeal (qui portait son écharpe d'élue) lors des législatives de 1997 57. Le 23 novembre 1999, la Cour de cassation a rejeté son pourvoi58,59. Par une décision du 10 mai 2001, la Cour européenne des droits de l'homme a déclaré irrecevable sa requête fondée sur la violation de l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme60.
9 septembre 1998 : condamné au franc symbolique pour avoir présenté une tête en carton à l'effigie de Catherine Trautmann lors d'un meeting du Front national en mai 1996. Le tribunal parle d'une « mise en scène macabre et choquante évoquant l'image de la mise à mort par décapitation visant d'une manière certes symbolique mais intolérable à l'élimination de l'intéressée », et estime que « l'agressivité de cette mise en scène est de nature à susciter envers Catherine Trautmann un climat d'hostilité excédant les limites admissibles d'un débat d'opinion dans une société démocratique » (Le Monde, 1er octobre 1998).
Novembre 1998 : condamné par le Tribunal de Grande Instance de Nanterre à 10 000 F de dommages-intérêts à l'Union des étudiants juifs de France pour avoir déclaré « Je crois à l'inégalité des races », lors de l'université d'été du FN, le 30 août 1996 (Le Monde, 27 novembre 1998).
10 juin 1999 : condamné à 12 000 DM (environ 6 000 €) d'amende par le tribunal d'instance de Munich pour incitation à la haine raciale et apologie de crime de guerre, i.e. « le point de détail » (MRAP, avril 2002)
24 février 2003 : La cour d'appel de Paris confirme ce jeudi-là la condamnation de Jean-Marie Le Pen à 10 000 euros d'amende pour incitation à la haine raciale, pour des propos sur les musulmans parus dans Le Monde du 19 avril 2003.
2 avril 2004 : Le tribunal correctionnel de Paris condamne Jean-Marie Le Pen à 10 000 euros d'amende pour provocation à la haine raciale, en raison de propos tenus l'an précédent dans une interview au quotidien Le Monde (il avait déclaré notamment « Le jour où nous aurons en France, non plus 5 millions mais 25 millions de musulmans, ce sont eux qui commanderont. Et les Français raseront les murs, descendront des trottoirs en baissant les yeux. »). Jean-Marie Le Pen devra également verser 5 000 euros de dommages-intérêts à la Ligue des droits de l'homme (LDH) et la même somme à la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), qui étaient parties civiles. Décision qui sera confirmée le 11 mai 2006 par la chambre criminelle de la cour de cassation.
Le président du FN a également été condamné à verser 5 000 euros de dommages-intérêts à la LDH, partie civile (Le Monde, daté du 25 février 2005).
8 février 2008 : condamné à 10 000 € d'amende et à trois mois de prison avec sursis pour complicité d'apologie de crimes de guerre et contestation de crime contre l'humanité, en raison de propos publiés en 2005 dans l'hebdomadaire Rivarol, qualifiant l'occupation allemande de « pas particulièrement inhumaine » (Affaire Le Pen - Rivarol). Le 21 janvier 2009, la Cour d'appel de Paris confirme le précédent jugement et condamne Jean-Marie Le Pen à 10 000 euros d'amende et à trois mois de prison avec sursis pour ses propos minimisant les crimes commis par l'occupant nazi sous l'Occupation, et notamment le massacre d'Ascq. Son avocat a indiqué qu'il se pourvoirait en cassation
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